mercredi 22 décembre 2010

Rapport sénatorial - À la défense des derniers gardiens de phare

La CÎp vous invite à lire cet article fort intéressant.
Aller voir le lien pour lire le texte original ou lisez-le ici!

http://www.ledevoir.com/politique/canada/313515/rapport-senatorial-a-la-defense-des-derniers-gardiens-de-phare

Bonne lecture et joyeuses fêtes à tous!!

"Le comité sénatorial de Pêches et Océans se porte à la rescousse des gardiens de phare, en péril depuis leur remplacement annoncé par des phares automatisés. Les sénateurs ont pressé hier Ottawa de stopper son plan de compressions de postes pour jauger au cas par cas le bien-fondé de maintenir du personnel dans les 50 phares toujours gardés au Canada.

Ils ne sont plus qu'une poignée de gardiens à surveiller du haut de leur mirador marin les dizaines de milliers de kilomètres de côtes canadiennes. Mais leur avenir est en sursis, depuis que la Garde côtière canadienne (GCC) a entrepris en 2009 de procéder à la dernière phase d'automatisation de son armada de phares.

Dans la première partie d'un rapport sur la situation des phares canadiens, produit à la demande de la ministre des Pêches et Océans, Gail Shae, le comité de sénateurs presse Ottawa de surseoir à ce plan qui signe la disparition certaine des gardiens de «la lumière».

«La technologie n'est pas la réponse à tout. Il faut parfois un être humain pour utiliser la technologie, notamment sur les côtes où l'environnement et le climat sont rudes», a souligné hier en conférence de presse le sénateur Dennis Patterson, vice-président de ce comité.

Parmi les milliers de phares répartis sur le territoire canadien, au moins 1000 sont aujourd'hui jugés excédentaires par Pêches et Océans, et ce, même si la moitié sont toujours actifs. Du nombre, une cinquantaine seulement, en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador, sont toujours tenus par environ 120 gardiens de phare.

Au terme d'audiences tenues à Ottawa et de visites effectuées dans les deux régions côtières, les sénateurs ont produit hier un rapport unanime. «Les gardiens de phare jouent un rôle crucial dans la sécurité publique et les économies résultant de l'automatisation des phares se paieront au prix fort, éventuellement en pertes de vie. Pour cette raison, le comité ne peut souscrire au plan d'automatisation des phares de GCC», notent les sénateurs dans leur rapport.

Selon le sénateur Bill Rompkey, président du comité, il semble que le plan de compressions de la Garde côtière ait été guidé par des raisons internes, sans que soit réalisée une véritable analyse des coûts et des avantages de l'opération. «Ce plan est déconnecté de ceux qui donnent les services et de ceux qui bénéficient de ces services», a-t-il indiqué. Selon des chiffres présentés par la Garde côtière durant les audiences, il en coûterait 11,5 millions par an pour exploiter les phares en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve-et-Labrador, là où les dernières compressions sont prévues, les derniers gardiens ayant déjà disparu au Québec et en Nouvelle-Écosse. Selon la ministre Shea, l'automatisation des phares dans la seule région du Pacifique nécessitera dans le futur des investissements ponctuels d'au moins 5 à 10 millions.

Une question de sécurité

Pour le comité, il est clair que le rôle des gardiens dépasse de loin les strictes tâches d'aide à la navigation, comme l'invoque la Garde côtière. En cours d'audiences, des représentants de la marine marchande, de compagnies aériennes et d'Environnement Canada ont souligné l'utilité des nombreuses observations météorologiques relayées par les gardiens de phare, notamment lorsque la mer se déchaîne et rend inopérants les appareils de navigation automatiques.

En Colombie-Britannique, de nombreux gardiens participent à un réseau de surveillance des cétacés et d'autres espèces marines menacées et ils compilent des informations utiles aux scientifiques pour leurs recherches, notamment pour la prévention des tsunamis. Les gardiens de phare sont aussi souvent les premiers répondants auprès des plaisanciers et des kayakistes qui naviguent dans les régions éloignées.

Malheureusement, au cours des dernières années, les gardiens ont souvent vu leurs fonctions réduites dans la foulée du plan d'automatisation. Dans plusieurs endroits, on leur a même retiré les embarcations qui leur permettaient d'intervenir en cas d'appel de détresse.

Dans plusieurs collectivités, ces gardiens sont les «yeux et les oreilles» de la communauté et jouent un rôle crucial en matière de sécurité, a souligné le sénateur Rompkey.

Le sénateur Patterson espère, quant à lui, qu'Ottawa analyse de façon plus globale les nombreux services fournis par les gardiens de phare. À son avis, des accords doivent être conclus entre les différents ministères et organismes privés pour partager les coûts d'exploitation des phares restants.

Le comité sénatorial rendra au printemps ses autres recommandations, notamment celles concernant la valeur patrimoniale de plusieurs phares.

La Fondation Héritage Canada a par ailleurs placé en août dernier les phares canadiens en tête de son palmarès des sites menacés, puisque, malgré l'adoption d'une loi sur la protection des phares patrimoniaux en mai 2010, seulement une vingtaine sont vraiment protégés. Au Québec, il resterait 43 phares patrimoniaux dont celui, toujours actif, de l'île Verte (1809), le plus vieux au Canada après celui de l'île Sambro au port d'Halifax (1758). Malgré son âge vénérable, le phare de l'île Verte, gardé jusqu'en 1972, fait partie des phares jugés «excédentaires» par Pêches et Océans, qui souhaite s'en défaire. "

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