20 janvier 2011
Corporation de l’Île aux Perroquets
878 chemin du Roi
Longue-Pointe-de-Mingan
(Québec) G0G 1 V0
Attention : Conseil d’administration
Objet : Mon appui au projet de réhabilitation de la station de phare de l’île aux Perroquets
Bonjour,
J’ai eu le privilège de passer une grande partie de mes vingt premières années de vie sur cette île lorsque mon père y était gardien de phare. Toutes ces années ont forgées en moi une âme d’insulaire. J’y ai découvert et apprécié la multitude des ressources qui l’entoure; y compris sa solitude.
Ce phare insulaire juché sur son socle rocheux à l’entrée de l’Archipel de Mingan dégage un attrait puissant, captivant pour l’imaginaire aventureux situé au plus profond de nous. Lorsque je marche sur la plage de Longue Pointe de Mingan avec mon petit-fils, ce dernier s’exprime chaque fois par « Bateau, bateau grand-papa.» et je suis mal avisé de vouloir lui expliquer que cet une île sans le faire fâché. Il n’est pas le seul ni le dernier à être saisi de la sorte par la force de cette île.
L’esprit des lieux se fond dans l’immensité de l’horizon unique du majestueux golfe Saint-Laurent. Notre contact avec la nature, les Macareux, les phoques et les Rorquals est omniprésent et reste toujours un cadeau reçu des lieux pour qui sait regarder, pour qui sait écouter.
D’ailleurs, en plus de s’assurer que le phare guide les navigateurs, ma famille et moi sommes devenus « gardiens » des ressources environnant l’île. De plus, cette belle grande école m’a appris à respecter cette mer parfois tumultueuse et dangereuse; puis, d’autres fois calme et invitante. Je sais maintenant comment évoluer avec elle, comment naviguer. Bref, l’héritage de cette période de vie m’a forgée comme navigateur, comme protecteur de la nature et comme homme.
Le temps des gardiens de phare est désormais révolu, au Québec, mais ce joyau du patrimoine maritime conserve toujours son importance et il se doit d’être mis en valeur. Étant moi-même navigateur et ayant gardé des phares comme assistant, je suis conscient de l’efficacité technologique en matière d’outils d’aide à la navigation, mais quand tout va mal, jamais rien ne remplacera la lumière scintillante d’un phare. Ces monuments historiques de la signalisation maritime doivent poursuivre leur mission commémorative de la mémoire de la Minganie.
Enfin, ramener la vie sur l’ile avec des gens qui y vivront des expériences qui se transcenderont en émotions à partager avec les autres; accueillir des gens, partager la table, échanger avec eux, permettrait de faire revivre cette station de phare et j’en serais ravi. Que l’histoire humaine de ce lieu mystique se poursuive.
Bref, je vous souhaite un franc succès dans votre projet de restauration et de mise en valeur de ce diamant du patrimoine visuel du Canada. J’espère que d’autres personnes puissent très prochainement privilégier d’un séjour sur cette île unique, pour vivre l’expérience de leur vie et, renouer avec le bien-être, le calme et la sérénité de leur âme.
Veuillez accepter mes vœux pour le succès de vos démarches.
Bons vents
Charles Kavanagh
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